L’effort de guerre conduit Arvida à atteindre l’état complet de son développement
En plus de contribuer à la distinction de la cité modèle, l’intégration des différentes étapes de la production aluminière permettra à l’usine d’Arvida de se hisser au sommet de la production de la Seconde Guerre mondiale et de fournir 90 % de l’aluminium du Commonwealth et une part majeure de celui qui a soutenu l’effort de guerre des Alliés. Arvida est alors devenue une « ville secrète », protégée par un contingent considérable d’hommes et d’armes. Décrétée « industrie de guerre » par le gouvernement canadien, le complexe de production d’aluminium devient le site ayant la plus haute défense militaire au pays. Une batterie antiaérienne s’installe à Arvida; 16 canons Bofors, 8 canons de 3,7 pouces (94 mm), 4 canons de 3 pouces et 3 000 soldats sont déployés.
Tout en maintenant son rôle dans le développement régional, notamment en motivant la construction de la Base militaire de Bagotville, l’utopie des années 1920 a elle-même pris dans les années 1940 une expansion considérable, avec une production industrielle dépassant les 340 000 tonnes, comme le prévoyait son plan initial. En 1942, l’usine d’aluminium Arvida est la plus importante au monde. Elle s’est maintenue à ce rang de la production aluminière mondiale pendant plus de trente ans.
Camps militaires et soldats dans le Parc Morritz, environ 1940. |
Ce développement industriel d’envergure attire une foule de travailleurs qu’il faut loger. Dans ce contexte, la Wartime Housing Limited construit plus de 500 maisons, prévues pour être assemblées en un temps record. Ce sont des constructions minimales, unifamiliales, qui reposent sur des piliers de cèdre. Les toits, les murs et la charpente sont pré-taillés; préfabriquées en « panneaux », ces maisons sont aisément « démontables » afin d’être réutilisées sur d’autres sites, selon les besoins. La compagnie d’aluminium, devant loger ses employés, et sans doute intéressée à conserver, même à densifier l’image bâtie de la ville de l’aluminium, acquiert la plupart. En 1949, elle entreprend de les soulever et de les poser, toutes, sur des fondations en béton, consacrant leur permanence.
Maisons Wartime d’Arvida au moment de leur installation, par Alcan, sur des fondations permanentes. Crédit : Société historique du Saguenay, P002,S7,SS1,P02794-2 |