L’unicité d’Arvida à l’échelle mondiale; sa valeur et sa contribution au patrimoine mondial
Fondée sur les conditions uniques du sol, sur une expertise multinationale et sur les moyens innovants de sa réalisation, Arvida a concrétisé les possibilités qu’offrait la modernité de la deuxième industrialisation au développement intégré du territoire et de la société, à partir d’un plan urbain conçu à cette fin. Cette union d’un projet industriel et d’un projet social prend forme dans une synthèse originale des théories d’urbanisme des XIXe et XXe siècles, à partir d’une culture basée, non pas sur des dynamiques collectives, mais sur la particularisation locale et l’épanouissement des personnes. Ville de compagnie d’un genre unique, elle constitue ainsi le chaînon manquant entre les utopies sociales imaginées à compter du XVIe siècle et l’avènement, au XXe siècle, de politiques publiques d’habitation et de planification territoriale.
Zonage du territoire d’Arvida en 1950. |
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« Le métal magique du XXe siècle », extrait d’un rapport annuel d’Alcan, 1949. |
Tandis que son industrie la propulsera à l’avant-scène de la Seconde Guerre mondiale, associant l’aluminium à sa notoriété planétaire, Arvida réforme l’ordre social des cités modèles paternalistes, tout en illustrant l’apport de l’Amérique aux plans de l’habiter, de la construction et de la gestion du territoire. Son plan et son paysage expriment intentionnellement le renversement de la représentation traditionnelle du pouvoir dans la ville, à la faveur de l’avènement d’une société démocratique et égalitaire.
La valeur patrimoniale d’Arvida se décline comme suit :
- Œuvre intentionnelle et majeure d’urbanisme, Arvida conjugue les théories occidentales et l’héritage américain dans une matérialisation unique et délibérée d’utopies séculaires. Remarquable pour le caractère holistique et les dimensions symboliques de son plan, elle est exceptionnelle par son envergure, son habitat égalitaire, son esthétique vernaculaire, sa réalisation et sa conservation.
- Transposition urbaine et interface des réseaux multinationaux de ses créateurs, Arvida témoigne d’un échange déterminant d’influences dans la planification et la construction des villes et des communautés industrielles. Hybridant des figures tant nordiques qu’américaines, ses maisons, foyers d’Arvidiens de 36 nations, ont uni les traditions locales dans une culture nouvelle.
- Conçus afin d’engendrer l’appropriation des habitants, l’habitat et l’architecture d’Arvida apportent un témoignage exceptionnel de traditions culturelles canadiennes. Leur intention régionaliste fait contrepoids, dans la civilisation du XXe siècle, au style international et à son héritage universaliste, à la faveur de l’expression et de la préservation des identités locales.
- Accomplissement de cent ans de recherches sur l’habitat et la ville, Arvida, capitale historique de l’aluminium, est un exemple significatif d’idées et de modes de planification, de construction, d’appropriation et de préservation qui illustrent, dans l’histoire humaine et dans celle du développement territorial en Amérique, l’aboutissement de la société industrielle.
- Née du projet d’une usine intégrée fondé sur des ressources hydroélectriques sans précédent et sur les promesses du «métal magique», Arvida est matériellement associée à la Seconde Guerre mondiale. L’aluminium qu’elle a produit et dont elle est la vitrine a déterminé la participation du Canada et des Alliés au conflit mondial.