Histoire et portrait d'Arvida

Chef d’œuvre du génie créateur humain, utopie socio-industrielle et témoignage exceptionnel de la « civilisation de l’aluminium »

Capitale historique de l’aluminium, Arvida est une ville de compagnie fondée par Alcoa. Image de marque de l’entreprise et enfant chéri du président de la multinationale, Arthur Vining Davis, dont elle porte le nom (Ar-Vi-Da), la ville aluminière a, pour sa conception, sa réalisation et sa transmission, reçu depuis maintenant près d’un siècle l’attention soutenue de l’Aluminum Company of Canada, devenue Alcan à l’aube de la Seconde Guerre et aujourd’hui intégrée à Rio Tinto Alcan. Acclamée mondialement dès les années 1930 pour ses qualités architecturales, urbanistiques et paysagères, Arvida est à la fois première et dernière : la première qui ait réuni à cette envergure les savoirs sur la planification des villes; la dernière, puisque sa réalisation marque un sommet qui ne sera plus égalé.

Plan pour la ville d’Arvida, Hjalmar Ejnar Skougor et Harry Beardslee Brainerd, architecte.
Crédit : Ville de Saguenay
Plan de la ville d'Arvida

Chef d’œuvre du génie créateur humain par son urbanisme, son architecture et ses infrastructures industrielles qui ont eu un impact déterminant dans l’histoire du monde au XXe siècle, Arvida constitue en effet l’aboutissement de décennies de recherches sur l’habitat ouvrier, les cités neuves et les villes industrielles planifiées, et ce, à l’échelle planétaire. Dans l’histoire de l’industrialisation qui a marqué le monde des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, et dans celle des utopies socio-industrielles dont elle représente un point d’orgue, elle apporte un témoignage exceptionnel de la « civilisation de l’aluminium », innovante, démocratique et égalitaire, tout en empruntant au sol du Saguenay tant ses conditions de possibilité que sa spécificité culturelle. Exemple notable de l’utilisation des ressources naturelles, plus particulièrement de l’hydroélectricité, qui a engendré le Québec moderne au sein de « l’Amérique des frontières », Arvida illustre aussi de façon précoce, en urbanisme et en architecture, la cohabitation multiculturelle née de la mobilité internationale des personnes. Ses dispositions urbaines et architecturales distinctives sont préservées dans un excellent état d’intégrité et d’authenticité grâce à des mesures de protection et de gestion reconnues par plusieurs organismes et paliers de gouvernements.

L’histoire d’Arvida est ainsi devenue celle des hommes et des travailleurs, du novateur Syndicat national des employés de l’aluminium d’Arvida, créé en 1937, des conflits de travail et des célébrations, de l’Hymne d’Arvida, composé pour le 25e anniversaire de la cité, et de tous ceux qui ont quitté ce doux berceau pour d’autres sites aluminiers, sis aux quatre coins du monde. Autour de l’aluminerie Arvida AP60, qui commémore aujourd’hui cette riche et tumultueuse histoire, les Arvidiens d’aujourd’hui témoignent...

Arthur Vining Davis, accompagné probablement de Willam States Lee et possiblement d’Andrew Mellon, ainsi que d’Edwin Stanton Fickes, parcourant le site d’Arvida non loin de la ferme des Pednault et du chemin Radin, l’un des premiers cessionnaires des terres qui vont former l’assise d’Arvida.
Crédit : John Heinz History Center (Pittsburgh)

Des changements de noms de compagnie pour l’usine Arvida

Arvida a été créée par l’Aluminum Company of America, mieux connue sous le nom d’Alcoa à compter de la fin des années 1910. La Pittsburgh Re­duction Company qui a auparavant donné naissance à l’Aluminum Com­pany of America était représentée au Canada sous la raison sociale de Nor­thern Aluminum Company, nom sous lequel elle exploitait à Shawinigan l’aluminerie, la première au Canada, que la Pittsburgh y avait implantée en 1899. 

En vue de l’établissement d’Arvida, l’Aluminum Company of America a créé en 1925, à partir de la Northern Aluminum Company, l’Aluminium Company of Canada. Lorsqu’en 1928 l’Alcoa crée la compagnie canadienne Aluminium Limited afin de lui transférer la plupart de ses exploitations hors des États-Unis, c’est cette dernière qui devient propriétaire de l’Aluminium Company of Canada ainsi que d’une trentaine d’établissements de moindre importance dans une douzaine de pays, parmi lesquels les installations saguenéennes sont alors, et de loin, les plus importantes. L’ancienne création d’Alcoa a pris le nom d’Alcan en 1945, au terme de la Seconde Guerre mondiale qui l’a propulsée parmi les très grandes industries sur la scène mondiale, confirmant la posture du Canada au titre de pays producteur d’alumi­nium. 

En 2007, achetée par Rio Tinto, la compagnie mère d’Arvida a pris le nom de Rio Tinto Alcan. Celle-ci exploite toujours les installations dites de « l’usine Arvida », plus ancien site de production d’aluminium au Canada après ce­lui de Shawinigan. Aujourd’hui, notamment en raison des développements technologiques qui y sont annoncés, ce site est l’un des principaux fers de lance de Rio Tinto Alcan, premier producteur mondial d’aluminium. 

Dans le but d’alléger le texte et éviter une confusion, le terme « compagnie d’aluminium » sera privilégié la plupart du temps

Vue des usines

Arvida, vue depuis le toit de l’église Sainte-Thérèse vers l’usine en 1933.
Crédit : Rio Tinto Alcan, Saguenay

  Site officiel de la Ville de Saguenay